Pauline Maroussia P - Photographies

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Marathon de Cheverny

Alors que mon corps se remet doucement de ce troisième marathon (déjà!), j’ai l’envie d’écrire plus qu’un post instagram. Mon dossard pour le marathon de Cheverny est pris en janvier 2020.. & puis vous connaissez la suite ! Après deux années de report, j’arrive au coeur des châteaux de la Loire, pour en découdre avec ces 42,195 kilomètres. L’entrainement a été difficile, le mental m’a fait défaut plusieurs fois. Sur le semi-marathon de Paris, qui était prévu dans ma prépa, par exemple. Les 4 derniers kilomètres ne se passent pas comme prévu & mon chrono rêvé s’envole. J’ai du mal à digérer l’échec. Le moral est bas, & pourtant il faut continuer à s’entrainer. 3 semaines avant le marathon de Cheverny, j’arrête les sucres rapides, l’alcool, je bois 2L d’eau, et sur les derniers jours, full sucres lents & glucides pour être au top le jour J.

Le 3 avril, à 7h40, je mange donc des pâtes au petit déjeuner, ma mère me fait la tresse de la Victoire, et nous voilà parti.Dans la voiture qui m’amène sur la ligne de départ, je verse une larme. J’ai peur, peur de mon corps, peur de mon mental qui peut s’évaporer en quelques secondes. Et puis, je retrouve Anthony, mon coach & mon ami depuis plus de 15 ans. Il m’apaise tout de suite, il me fait rire. On s’échauffe dans le froid (-1°C à 9h !!) On fait un selfie devant le château.. Le départ est donné !

Un marathon, c’est 30 kilomètres avec les jambes…

1er au 5ème Kilomètres : Nous sommes avec les meneurs d’allure de 4h15, drapeau violet. Il fait beau, il y a beaucoup de monde, on slalome pas mal entre les coureurs, ce qui me permet de ne pas partir trop vite. Il y a des gens déguisés, des orchestres. Anthony s’arrête pour les filmer. Pour lui, lui qui est Iroman (je vous laisse chercher ce que cela signifie pour ceux qui ne connaissent pas le terme ;-), c’est une promenade de santé, une sortie longue comme une autre. J’ai le sourire. Mes parents sont au quatrième kilomètre, le soleil me réchauffe, j’enlève mes gants.

5ème au 10ème kilomètres : le 5ème est passé en 30min, le 10ème en 1h. Ça me semble lent, mais il faut tenir sur la durée, c’est tout ce qui compte. Fuck le chrono. Nous sommes toujours un petit groupe de coureurs avec les meneurs d’allure. Parmi ces quelques runners, il y a 4 femmes, je suis la plus jeune. Je ressent une immense sororité et beaucoup de fierté. Je suis vraiment heureuse d’être là. On discute, on rit, l’ambiance est incroyable. Anthony, fidèle à lui-même, est hyper sociable, parle à tout le monde, c’est génial et je me marre pas mal (“On en reparle sur la ligne d’arrivée, mais c’est vraiment un sport d’idiot !”). Nous sommes dans les bois, c’est assez chouette!

10ème au 15ème kilomètres : Je suis bien. Vraiment. Je me dis que c’est que du kiff (haha, si je savais dans quel état je serais dans quelques heures.. oups !) Je mange et bois très régulièrement. Anthony, lui s’arrête à tous les ravitos : il a bien raison puisque il y a du fromage de Tourraine, du vin, de la bière & du pâté. Un vrai pic-nique local !

15ème au 20ème kilomètres : Je passe le semi en 2h06, comme un mois auparavant, au semi-marathon de Paris. Mais les sensations sont toutes autres ! Je me sens tellement bien. Mon coach me dit : “Entrainement difficile, course facile”, et c’est bien vrai !

20ème au 25ème kilomètres : Claire m’appelle, on reste 5min au téléphone, elle me boost, me raconte son week-end. L’entendre me fait du bien. Elle raccroche & je me retrouve avec ma musique, mes pensées. Il fait toujours beau : nous passons dans des chemins, des champs, c’est presque un trail ! Mais aucun château de la Loire à l’horizon, j’avoue que je suis un peu déçue. ! Le parcours fait des boucles. On repasse deux fois aux mêmes endroits : j’ai donc bien repéré où sont les difficultés, les côtes, mais le moral en prends un coup. Adrien nous a rejoint a vélo.

Passage au semi-marathon en 20h06.

25ème au 30ème kilomètres : Ça commence clairement à tirer. Le temps se couvre, le soleil a disparu. Les meneurs d’allure des 4h15 sont loin devant. On est un petit groupe de 6 coureurs : 3 nanas + leurs mecs. On discute, ça fait passer le temps.

… 10 kilomètres avec la tête…

30ème au 35ème kilomètres : Le 30ème kilomètre est passé en 3h de run. Le 35ème, en 3h30. Je maintient l’allure. 12h09 : mon frère m’appelle, ça me fait plaisir de l’entendre à l’autre bout de mes écouteurs. Je suis au 31ème kilomètre, je peine à parler, je suis dans les vappes et lui dit un truc “Peut-Être que mon neveu sera marathonien.. ou triathlète !” (Il n’a que 4 mois, mais apparemment, j’ai des grands projets pour lui haha). 12h17 : nos potes prennent des nouvelles. 12h18, Anthony écrit “Elle est en résistance. Mal au dos”.

35ème au 40ème kilomètres : Alors qu’Antho s’arrête à un ravitaillement, je marche. Je l’entends crier (la bouche pleine :p ) : “Paulineeeee ! Tu NE MARCHE PAS !!”. J’arrive encore à sourire. Mes parents m’attendent au 36ème. Je les aperçois au bout d’un chemin en sortant d’un vignoble. “T’es une championne, mais ça on le savait déjà!!!”. Il y a peu de monde autour de nous. Mon mental craque. 37ème kilomètre, je verbalise à Adrien & Anthony, cette phrase qui tourne en boucle dans ma tête depuis 10 minutes : “Je veux que ça s’arrete.” Mon corps est en pilote automatique. Mon allure descends autour des 7’/km. “ - Tu ne vas pas t’arreter après tous ces entrainements, toutes ces sorties longues. On y va mètres après mètres, Pauline”. Il y a quelques supporters dans les chemins, j’entends Anthony devant moi qui leur crie “Un max de bruit pour Pauuuuliiine!!”. Les pauvres, ils ne comprennent pas tout de suite, mais m’encouragent et m’applaudissent. Les larmes coulent.

… 2 kilomètres avec des larmes…

40ème au 42ème kilomètres : J’ai soudain très froid. Adrien me dit de remettre mes gants, mais j’en suis incapable. Je suis gelée. “Pauline, je ne sais pas si tu es assez lucide, mais sache que les meneurs d’allure des 4h30 ne nous ont pas dépassé!”. Electrochoc. Mon cerveau se rallume à ce moment là. Oh l’bordel, c’est vrai ça ! Je vais passer sous la barre des 4h30 ! “Allez, j’entends les speakers, Pauline, je vois le chateauu!!!!!” (j’entendais absolument rien et je voyais encore moins le Château de Cheverny! haha). La dernière cote. J’ai l’impression qu’elle est interminable. Mètres après mètres, on a dit. Il y a tout d’un coup beaucoup de monde autour de nous. Je croise le regard de mes parents. Je vois cette foutue ligne d’arrivée.

… 195 mètres avec le coeur.

Je prends la main d’Anthony. Je me sens soudainement pousser des ailes. La montre affichera 5’30/km pour ces derniers mètres. Je double le monsieur devant moi. La ligne d’arrivée est passée en 4h26, un nouveau record pour moi. Je m’effondre dans les bras de mon coach. Il veut faire une photo, alors que suis gelée et complètement dans les vappes. Il a finalement eu raison, je chéri véritablement cette photo.
Ma mère nous rejoint et je pleure comme une enfant, dans son cou, en lui disant combien c’était dur. Je remet mes gants, on m’amène une couverture de survie, je passe entre les mains des kinés.

Défi de génie, défi de folie.. Les deux mon capitaine, les deux. Je me sens si “powerful” après avoir été au bout de ces 42kilomètres, au bout de moi-même. Et vous savez quoi ? Je trépigne d’impatience de pouvoir remettre mes baskets et de recommencer..


Je vous souhaite à tous de réaliser vos rêves, quelqu’ils soient.
Prenez soin de vous.